« LA RENAISSANCE DE LA NOUNOU BARBUE »
de Aloysius CHABOSSOT
Résumé :
Cathy élève seule ses deux enfants, Lucas et Pilou, dans un petit village au coeur de la Dordogne. Son quotidien est heureusement allégé par le soutien sans faille de sa tante Lulu. Jusqu’au jour où ? catastrophe ! – tante Lulu tombe de l’escabeau et se retrouve immobilisée, les deux chevilles dans le plâtre. Cathy décide alors d’engager une aide pour s’occuper des enfants. Mais dans la région, les candidats sont rares. Pressée par le temps, son choix se portera sur le seul aspirant disponible, Elias, grand gaillard barbu au profil pour le moins atypique. Pourtant, entre Cathy et la « nounou barbue », une belle amitié va bientôt naître, puis peu à peu évoluer. Mais Elias est-il vraiment celui qu’il prétend être ?
Mon avis :
5ème livre de cet auteur que j’apprécie, après « Fallait pas l’inviter », « Fallait pas craquer », « Bienvenue sur terre », et « Chloé face à son miroir », mais pas mon préféré. L’humour est toujours présent mais à dose homéopathique par rapport aux premiers livres. Mais l’histoire est prenante et on est attendris par tous les personnages, de la tante aux enfants, en passant par la « nounou mâle » et leur nouvelle vie commune.
Plusieurs sujets de fond y sont abordés, ce qui donne un intérêt supplémentaire à ce roman mais je ne voudrai pas trop en dévoiler pour vous laisser le soin de les découvrir et d’apprécier ce dernier opus qui se lit agréablement.
Extraits :
1 – « …. qu’est-ce qui lui reste pour vivre sa vie à lui ? Ou alors…
- Ou alors quoi ?
- Ou alors il a une raison que l’on ignore encore.
- Oh là là, tante Lulu, dans quoi tu vas encore t’embarquer ! Toi, tu viens de finir un « Agatha Christie » et ça te tape sur le ciboulot !
- Rien à voir avec Agatha Christie. En fait, ça fait un petit bout de temps que cette idée me trotte dans la tête, et je ne crois pas me tromper : Elisas est amoureux de toi, ma petite Cathy.
- Alors là, c’est la meilleure : Je retire ce que j’ai dit : c’est pas Agatha Christie, c’est Barbara Cartland ! Mais enfin, tante Lulu, pourquoi voudrais-tu qu’il soit amoureux de moi ? On n’a rien en commun, Elias et moi ! Que veux-tu qu’il me trouve ? Je ne suis pas peintre moi ! Mon art, je l’exerce sur la tignasse de Madame Coquillard, ou de qui tu veux, mais ça s’arrête là ! Non, à mon avis, la réalité est beaucoup plus simple…. »
2 – « Le mercredi suivant, Elias était arrivé avec un chevalet de table et une boîte de pastels qu’il avait offerte à Lucas, pour l’encourager dans sa vocation de dessinateur en herbe. Le gamin avait passé une partie de son après-midi à essayer de dessiner sa soeur, héla bien trop remuante pour être fixée sur une quelconque feuille de papier. De guerre lasse, il avait fini par jeter son dévolu sur tante Lulu, qui s’avéra un sujet nettement plus coopératif.
A mon retour du salon, en début de soirée, j’eus également droit à ma séance de pose.
- Assieds-toi sur la chaise, maman, pose ton coude sur la table et regarde-moi. Et ne bouge pas, sinon ça va être raté !
… Pendant que Lucas tirait la langue pour saisir toute la richesse de mon expression (surtout les poches sous les yeux), Elias se tenait debout derrière lui, attentif à ses gestes, lui prenant parfois la main pour le corriger dans son tracé.
…
Une fois seuls, je demandai à Elias :
- ça fait un peu peur, non ?
- Pourquoi ? Non, il y a une vraie vigueur dans le trait, pour un enfant de 7 ans c’est assez rare. Les tons sont bien choisis, avec une alternance assez harmonieuse entre les complémentaires.
- Non, je veux dire : c’est pas moi, ça ? Si ? Ces yeux qui ne sont pas à la même hauteur… Ce pif, mon Dieux ! Sans parler des cheveux… Pour une coiffeuse, ça la fout vraiment mal !
- Ce n’est pas la ressemblance qui est importante.
- Un peu quand même…
- En fait, c’est toi sans être toi, c’est sa vision à lui, et je la trouve très intéressante.
- Il me voit comme ça, vraiment ? ça m’inquiète. »