Témoignage de Hervé – mon homme de coeur – mon mari pour la vie
Avis aux personnes sensibles, le texte ci-après est parfois émouvant
Quand j’ai rencontré Martine, elle allait bien sur le plan de la santé et elle était super active. Elle avait un boulot avec beaucoup de responsabilités : elle gérait une subdivision de navigation avec 90 personnes et 100 km de voies navigables.
Elle était infatigable : elle pouvait travailler + de 10h par jour avec la même énergie. Le week-end on faisait plein de choses : les courses, la cuisine, le ménage, les promenades avec les chiennes, du vélo…. Une sieste d’une heure suffisait pour recharger ses batteries. Bref un petit bout de femme hyper active. Elle aimait aussi recevoir les gens et leur cuisiner des bons petits plats et leur faire visiter les curiosités le long de la Loire ou du canal comme le pont canal de Briare, l’écluse de Mantelot, le lac du Bourdon à Saint-Fargeau ou encore les sept écluses de Rogny-les-septs-écluses. Bref on était heureux et insouciants.
Puis, comme on approchait de la quarantaine, on a eu le projet d’avoir un enfant et là, tout a basculé. Au bout de 3 mois, elle était passée en insuffisance rénale modérée et le gyneco lui a conseillé de voir un néphrologue. Il s’est voulu rassurant mais je commençais à être inquiet. Et cela se dégradait. Elle vomissait beaucoup, était tout le temps fatiguée. A un moment donné, les 2 médecins ont demandé si on voulait continuer ou pas la grossesse. C’était sans compter l’optimisme de Martine qui a voulu continuer j’ai respecté sa décision et j’étais de plus en plus inquiet même si je voulais aussi cet enfant. Au bout de 5 mois elle a été en arrêt heureusement elle a pu compter sur un ami et collègue Marcel qui a fait son intérim. C’était difficile pour elle de rien faire car on habitait sur son lieu de travail….
Il était prévu qu’elle accouche 1 mois avant le terme or, une semaine avant la date prévue sa tension est beaucoup montée donc je l’ai emmenée à la clinique qui l’a gardé. Dur Dur. Le lendemain la clinique m’appelle pour me dire qu’elle va accoucher dans une heure avec une césarienne en urgence. Je suis très inquiet. Je n’ai pas eu le droit d’assister à l’accouchement. Après je vois le toubib qui me dit que tout s’est bien passé. Je commence à appeler tout le monde pour annoncer la bonne nouvelle, la naissance de notre petite Flora. Martine revient dans la chambre on est heureux tous les 2. J’ai vu notre Flora, elle bouge beaucoup. Et quelques heures après on voit arriver la pédiatre avec plusieurs infirmières, le visage grave. C’est terminé l’équipe nous annonce le décès de Flora. On pleure tous les 2. le choc est dur à encaisser. Le plus dur sera d’annoncer à tout le monde le décès. Très difficile de parler… Tout de suite mon père prend sa voiture pour venir nous voir puis, les parents de Martine. Avec mon père on enlève toutes les affaires de Flora achetées pour l’accueillir car Martine rentrera à la maison quelques jours après. Je m’occupe aussi des obsèques. Elle sera incinérée et on voulait personne à la mise en bière. Tout petit cercueil même les personnes des pompes funèbres pleuraient sur le cercueil.
Martine était très faible, sans énergie comme si elle s’était éteinte. Heureusement, ses chiennes lui faisaient une présence pendant les 4 mois avant sa reprise du travail. D’un commun accord, on a maintenu le mariage qui s’est déroulé 1,5 mois après. Et le déménagement vers Reims, 48 heures après notre mariage… Ce changement professionnel a été salutaire pour moi pour me changer les idées mais ca a été très dur pour Martine qui quittait un boulot passionnant et a du rester à la maison pendant plusieurs mois. Je suis conscient qu’elle avait demandé sa mutation pour me suivre et qu’elle a sacrifié son projet professionnel, il lui faudra plusieurs années avant de trouver un poste intéressant et qui lui permette de s’épanouir professionnellement.
Il a fallu traiter son insuffisance rénale devenue sévère on était inquiet de ce qui allait se passer et on a très bien accueilli par le service néphrologie du CHU Reims. Elle a pris de l’EPO pour la fatigue permanente. Car c’était çà le problème elle était tout le temps fatiguée donc, on ne faisait plus grand chose même les promenades avec les chiennes la fatiguait. On commence à nous parler de dialyse ; de greffe. Je pense à ma grand mère qui a été dialysée à la fin de sa vie et je suis inquiet pour Martine. On a du mal à faire le deuil, à s’intégrer à cette nouvelle région, surtout Martine. La seule chose qui passionnera Martine c’est le projet de construction de notre maison qui durera 1,5 ans et qu’on a fait ensemble : plans, prêts bancaires, permis de construire. Une maison de plain pied car Martine pense qu’elle passera prochainement en dialyse. On emménage le 31 juillet et le 1er août, Martine est inscrite sur la liste d’attente de transplantation rénale. Une nouvelle inquiétude cette fois surtout pour Martine : ne pas entendre le téléphone lors du fameux appel. Et le 29 décembre, un dimanche matin on reçoit ce fameux appel c’est bon et l’opération aura bien lieu. Elle restera 10 jours à l’hôpital, je suis inquiet et quand je la vois se battre cela me rassure. Je suis content pour elle. Elle reprend le travail un mois plus tard, trop tôt je pense mais Martine est survoltée. Cette greffe lui a redonné goût à la vie, l’a aidé à tourner la page sur notre Flora. Elle a développé une reconnaissance débordante envers son donneur. Cela a commencé avec les jeux nationaux des transplantés où elle a fait connaissance avec l’association TRANS-FORME, qui l’a boosté à refaire du sport. Par la suite, elle s’est découvert un militantisme que je ne lui connaissais pas. Elle a pris l’animation du secteur Est, elle a été vice-présidente de l’association et a réalisé pleins d’action en faveur du don d’organes et des transplantés notamment les enfants greffés. On a organisé des randonnées ; des équipes de coureurs pour le RATJ. Je l’accompagnais car c’est important pour elle même si parfois cela prenait le dessus sur notre vie à nous deux. Elle a même réussi l’exploit de courir 5km alors qu’elle déteste courir !!! Elle me surprendra toujours et je suis toujours inquiet car j’ai peur qu’elle se blesse à vouloir toujours trop en faire .
Aujourd’hui, après plus de 5 ans de greffe, je retrouve ma petite pupuce que j’ai connue au début et je l’aime toujours autant. Alors oui, la greffe l’a beaucoup changée. Cela lui a permis de refaire plein de choses qu’elle ne faisait plus pendant 2 ans. Par contre, je veille sur elle car Martine déteste la routine et prendre les médocs 2 fois par jour tous les jours c’est un combat quotidien car elle fait plein de choses en même temps…. Je suis toujours inquiet (éternel inquiet) car je me dis combien de temps cela va-t-il durer ? Pour l’instant, profitons de la meilleure qualité de vie donnée par cette personne anonyme et continuons à être heureux.