World Transplant Games 2023 – AUSTRALIE
Perth, 21 avril 2023. Le grand jour, la dernière épreuve. Les copains sont là. Adeline, Cyril, Laurent, Julien mais aussi Elmar, Bart, Erik ! Stressé comme jamais. Démarrer vite, stabiliser, maintenir. A la sortie de l’eau, tu mets tes lunettes sur le bonnet, tu dézippes, la combie, t’enlève le haut tout en courant le plus vite possible jusqu’à ton vélo. Là, de deux coups de jambes tu te dégages de la combie que tu pose dans le bac avec lunettes, bonnets. T’enfile ton dossard et tu prends ton vélo jusqu’au Flying Mount. Et bim là tu balance la sauce. Je sais ce qu’il faut faire. J’ai mentalisé cette course une centaine de fois. La nuit, le matin, la journée. Je suis prêt. Prêt à en découdre. Ces mois de préparation et je suis là, à Perth, en Australie. Finalement l’aventure ce n’est pas « que » le voyage, mais le chemin pour y arriver. Là c’est le bonus. Le moment ultime. Eau à 16 degrés, surprise. Le plan d’eau est glaciale. Heureusement la distance est courte. 500m. On est une bonne cinquantaine sur la ligne. Pied dans la vase. C’est parti. On ne pense plus, on ne réfléchit plus. On agit. On est profite. On se donne. Je sens que ça nage. Plutôt vite. La première bouée est à 100m. Il faut passer dans les premiers. Le visage est figé par le froid. Personne ne s’y attendait. Il y a du monde devant moi. Je sais que c’est Erik l’ami Belge, bon nageur. Elmar est surement devant aussi. Cyril, je le sens à cote de moi. Laurent, les australiens et les autres… il me semble derrière. Quoi ? Je peux jouer la gagne. La course prend alors une dimension magique. Je passe en mode guerrier. Survolté par l’adrénaline, motivé par l’enjeu. Dernière bouée, je sens Elmar à quelques secondes, plus personne dans mes pieds. Les écarts sont faibles. Je sors de l’eau et fonce sur le Parc à vélo. Les gestes s’enchaine, la transition est très bonne. Je suis 3ième au scratch et 1er de ma catégorie. Cyril me talonne mais n’a pas mis ses chaussures sur ses pédales. Je gagne une petite trentaine de seconde qui me sauveront à l’arrivée. La suite est belle, les watts s’enchaine. Parcours plat pour le vélo, position aéro, en avant, on lache aucune seconde. Les écarts se stabilisent. Je pense à boire une ou deux gorgées, les yeux rivés sur les watts. Ne pas descendre sous les 3,6w/kg. Au final c’est du 36,6 km/h de moyenne et des points à plus de 45 sur du plat. On est pas des pros, on est limité mais on donne tout. La course à pied arrive, soleil de plomb, le parcours est deux aller-retour sur un parcours quasi plat. On se croise et recroiser. On voit les écarts. Malgré une petite remontée, je sens mon ami Cyril revenir sur moi. Je ne lache rien. Je passe la ligne en vaincoeur de ma catégorie, une joie immense, une sentiment de satisfaction, de travail accompli, de plénitude. Je ne réalise pas encore. 3ème au scratch et 1er Master. Le souris est là. Dans la tête, dans les coeurs : oui, la greffe ca marche et oui, malgré de handicap on peut vivre des émotions intenses, représenter la France sur une belle compétition où valeurs humaines et sportives se mélangent.
