Montagnes D'espoir, le blog d'Emmanuel

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Aortic endoprosthesis (ePTFE)

Au bras ouvert (bis répétita)

Pasteur Resort. Suite 603. Presque vue mer. Volets délabrés et 3m40 sous plafond. Salle de bain privative et douche au fond à droite, après la porte entre ouverte au bout du couloir. Sol vintage des années 70. Petit carreaux blancs, gris et jaunes. L’odeur ? C’est plutôt entre l’odeur des draps javellisés et cette sainte odeur de chirurgie vasculaire, cette odeur imaginaire des coupeurs de membres ! Niveau bruit à 22h cela reste calme. Ceci dit j’ai bien aimé les deux premières heures, après mon arrivée. Pour eux je suis encore un jeune, wouhaou ! Alors la ça tchatche. Après l’accent marseillais du bon gros vivant chauve et barbu aide soignant syndiqué FO … c’est au tour de l’infirmier et de la petite étudiante sage femme. Monsieur, vous êtes sportif ? Lol MDR … quelques éclats de rire avec ce beau monde et puis d’un coup le calme. Changement de service. J’entends l’eau des radiateurs non purgés, la ventilation permanente, le klaxon de la voiture qui passe à travers ces vitres aux ventaux immenses; simple vitrage. Ha si, j’entends aussi vaguement la télé du voisin. La tv : La plaie des ces hôpitaux. Chambres mal isolées. Le décors est planté. Je suis là. Allongé sur mon lit mécanique, oreiller derrière la nuque et tête de lit surélevée. Téléphone à la main j’écris tout en écoutant un flux streaming french touch. Malgré ces ambiances pas si roses, ni moroses, je suis détendu. La tension est bonne. L’effet blouse blanche inversée ? J’ai cette impression d’être dans un lieu familier, un lieu sécurisé, un lieu discret. Oui discret. Un lieu où je me retrouve avec moi, uniquement moi. Ça me fait du bien. Peut-être que tous les problèmes restent en dehors de l’enceinte de l’hôpital ? Bien sûr reste la santé. Mais l’esprit se libère et les soucis quotidiens s’envolent. Enfermé dans une chambre, je ne peux (ou veux) pas agir. Un bon moment pour lâcher prise finalement et, éventuellement, me concentrer sur une chose : le corps. J’aime cette sensation.

Bien sûr tout cela est valable quand il s’agit d’une opération ou d’un soin programmé, sans véritable souffrance. J’avais cette sensation également en dialyse. Est-ce un syndrome de protection, une manière d’accepter la maladie, ou suis-je simplement tordu ??

Peut-être suis-je détendu parce qu’à l’hôpital les différences se gomment. Qu’on soit politicien, commerçant ou paysan tout le monde est au même niveau … plus de différence (en théorie !). Pas de peur d’être plus ou moins bien soigné ? A l’hôpital il faut se mettre à nu (à tous les sens du terme), qu’on soit roi ou dans la misère. En face de nous des hommes et des femmes qui n’ont qu’une seule vocation (à priori) ; celle de nous soigner tous, dans l’équité. Je parle bien sûr de l’hôpital public… qui souffre tellement. J’en suis juste l’un des témoins. 25 ans de suivi régulier… ça s’est fortement dégradé… le patient en est la plus inoffensive victime (coup de gueule)

Bon ok, mais pourquoi être en chirurgie vasculaire lorsque l’on est transplanté. Alors on revient un peu en arrière et on lit cet article pour comprendre ce qu’il s’est passé il y a 6 ans avec cette artère humero-céphalique. Artère du bras de l’ancienne fistule.En fait cette artère est traumatisée et même si 10cm ont pu être remplacé en urgence par une membrane artificielle (en gore tex s’il vous plaît !), cette artère, comme toutes les autres, a une sorte de mémoire cellulaire. la partie native, proche de cette membrane, a créé un nouvel anévrisme qu’il faut maintenant enlever. C’est à dire couper et remettre une membrane Gore tex à la place. Sur combien de centimètres … on verra bien…

Étonnamment je ne stresse pas. Je suis bien ce soir. Alors Morphée va arriver…

La suite au prochain numéro

Emmanuel • 9 janvier 2020


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