Trail des Balcons d’Azur
Voici un petit résumé concernant ma course sur le Trail des Balcons d’Azur ; une belle expérience sport, découverte et partage …
Le trail est une discipline exigeante mais si attrayante. Pour ma part, ce n’est pas le coté compétition qui m’attire au départ. L’idée de parcourir plusieurs kilomètres en montagne d’un seul trait, découvrir un coin sous un autre angle, léger, sans sac à dos est très attirant. Mais c’est aussi l’idée de se retrouver avec soi-même dans un environnement nature : rien de mieux pour arrêter le temps…le temps d’une course. Un peu contradictoire, je vous l’accorde, mais pourtant, si vrai.
Décembre 2010, – je ne sais pas pourquoi, mais le trail vient dans pas mal de mes conversations…peut être un signe d’une envie profonde ? de se lancer un défi ? envie d’aller plus loin ou simplement envie de découvrir un autre aspect de la découverte et de parcourir la nature ? C’est donc au fil d’une conversation, un soir de la période de noël que je dis « allé, défi, objectif Trail pour le 23 avril ». Et voilà, c’est parti comme ça.
Janvier 2011 – Je n’ai jamais vraiment couru. Seulement avec ma compagne, issue d’une famille « footing ». Son père fait même des marathons ! C’est donc grâce et avec elle que je commence à courir début janvier. Les premiers essais sont chaotiques. 5 km et là, c’est la cata : plus de jambes, mort, HS, lessivé. Mais quelle idée de m… je me suis mis dans la tête. Heureusement que j’ai quand même un fond d’endurance avec mes sorties en montagne. La randonnée me permet de savoir que je peux tenir un effort pendant plusieurs heures. Certes, en montagne, on est un peu comme un diesel!
Février- de 5 km, je passe à 8km facilement. Je commence à mieux gérer mon effort, à comprendre quand je peux accélérer ou ralentir. Je commence à prendre du plaisir, chose que je n’avais pas avant. Courir, ça m’embêtait ! Là, je trouve un rythme de « croisière », je suis de plus en plus à l’aise, je me fais plaisir. Et puis, je me force aussi à courir plusieurs fois par semaine. 2 à 3 fois, un minimum pour progresser, je n’ai pas beaucoup de temps pour me préparer ; seulement 4 mois. Petit à petit j’augmente mon « kilométrage », je varie le style de parcours. Je pratique toujours les week-ends mes sorties en ski de randonnée tranquillement, quelques sorties en ski de fond. Je n’en fais pas trop non plus, mon objectif n’est que de 18km et 900m de déniv. Je ne cherche pas à faire un chrono le jour du trail mais à finir. Peut-être pas dernier certes, mais finir tranquillement, non épuisé.
Mars – Début mars, ça y est, je crois que je peux déjà être fier de moi. J’arrive à faire 10km avec de belles montées. Mes sorties tournent autours d’1h et même un peu plus. Je remarque que je n’aime pas le plat. J’ai besoin d’alterner, avec des montées et des descentes. Encore une fois, la gestion de l’effort intervient fortement dans ces parcours…et ça me plait. L’eau et le potassium sont deux éléments à gérer de manière primordiale. Mes astuces pour les dialysés : prendre du keyexalate le jour de l’effort. Ne pas être trop « sec » avant l’effort pour avoir un minimum d’energie et pas de crampes. A l’effort, vous allez perdre environ ½ litre d’eau à 1litre par heure d’effort…ce qui permet aussi de boire pendant l’effort : indispensable pour le corps et la sensation de soif ! La gestion de l’alimentation et de la boisson sont essentiels pour de tels efforts. Se connaître également est indispensable. Savoir ce que veut dire telle ou telle réaction , telle ou telle sensation, permet d’optimiser et ajuster son effort. C’est peut être la grande force des dialysés ( et plus globalement des personnes ayant un lourd problème de santé ) par rapport aux autres coureurs…profitez de cet avantage !
Avril – Le trail, c’est pour bientôt. Je n’avais pas de pression jusqu’à maintenant, mais là, je dois avouer que les questions fusent : Pourquoi un tel défi ? vais-je y arriver ? Est-ce une véritable envie ? Mais je reste motivé…
J – 7 : Il fait grand beau. C’est une journée idéale pour la reconnaissance d’une partie du parcours du trail. C’est parti pour la « reco »: il va falloir courir par ici, marcher par là, profiter de la vue ici. Ce parcours est superbe, s’il fait grand beau samedi prochain ça va être vraiment sympa. Vue mer et montagne au sommet du parcours : le sommet Pelet.
J- 6 : Aie, Aie, Aie : j’ai froid, j’ai mal au crane, j’ai des maux de gorges. Nooonnnnn ! Tous ces efforts vont-ils être anéantis par une « simple » crève ??
J- 5 : Toujours malade, repos
J- 4 : Toujours pas bien. Le moral baisse un peu, je dois absolument me soigner !
J- 3 : ouf, ca va mieux. Je ne tousse plus, seulement le nez bouché…mais pour combien de temps encore ?
J – 2 : Ca commence à revenir. Ce soir les parents de Virginie arrivent. Serge sera là, lui qui a déjà couru des marathons viendra avec moi sur le trail. Il a fini son dernier trail en 2h20 sur un 20km et 1000m de déniv. Ca va être chaud pour le suivre. Je le laisserai partir devant, mais ça me motive bien, on formera l’équipe « Montagnes d’espoir » !
J-1 : Dialyse le matin. Ca va mieux, la forme es trevenue. Régime pâtes et repos, impression des documents de course comme la carte et le profil, préparation du sac à dos. Ce soir, régime raviolis niçois! Hmmmmm…. c’est les meilleurs….
Jour J : Samedi 23 avril. Temps pourri. Aie, ça commence mal. Le temps n’est pas beau et pourtant c’est le jour J. Il a fait beau pendant plusieurs semaines auparavant et pile poil ce jour il pleut ! Comment réagir ? Comme si de rien était.
10h15 : l’eau boue. Un bon plat de pâtes pour prendre la dernière énergie avant la course. 4h de digestion au minimum. La course est à 15h.
12h, nous sommes dans la voiture, direction la Napoule plage. Plus nous avançons vers Cannes et l’Esterel, plus les nuages deviennent noirs et moins nous perçevons le massif où se passera la course ! Les premières gouttes s’écrasent sur le pare-brise, les essuie-glaces démarrent…le doute s’installe !
13h, nous sommes garés à moins de 500m du retrait des dossards. Impossible de sortir de la voiture: il pleut, il pleut, c’est le déluge! Vont-ils annuler ? Comment faire pour courir sous ces conditions ? On rit jaune !! Mais avant qu’ils annulent, il en faut ! Et moi je ne veux pas qu’ils annulent…ou alors reporter au lendemain.
13h30, c’est sous le parapluie que nous arrivons au stand du retrait des dossards. Là, pleins de coureurs et coureuses ! Tous sont affutés…et là, je me dis : Wouahou, dans quoi tu t’es embarqué ??? Chacun est sous l’abri…en train de récupérer son dossard : la course aura lieu, même sous ce déluge.
13h45 nous retournons à la voiture, les pieds déjà trempés.
14h15 nous nous préparons et changeons dans la voiture !! Il pleut encore, légèrement moins, mais ça tombe dru !
14h30, il faut y aller…au départ. Les 200 coureurs sont tous agglutinés sous les abris, on entend même pas le speaker à cause de la pluie.
14h55, allez, hop, tout le monde au départ ! C’est avec peine mais rigolade et sous la bonne humeur que tous les coureurs s’avancent, les pieds dans le sable de la plage de la Napoule sur la ligne de départ.
15h bing ! C’est parti ! La pluie s’est légèrement calmée. Ouf, ça part vite et je préfère assurer et rester dans les 20 derniers. Serge part tranquille aussi, mais devant. L’important est de finir. Drôle de sentiment à ce départ : entre fierté, peur et volonté de courir aussi pour tous les amis dialysés : il va falloir aller au bout !! Escaliers, montées douces et paf , un petit entonnoir : il faut passer entre deux barrières. Imaginez 200 personnes. 3 min de perdues mais 3 min pour souffler un peu.
15h10 environ, enfin je crois, et la pluie s’arrête ! Miracle. Les premiers sentiers en terre arrivent…sous les bois ça va, mais alors hors des arbres ce sont de véritables torrents. Je me sens bien. Je reste derrière et ne double pas. Je ne veux pas me griller d’entrer. Un seul mot d’ordre : ne pas se mettre dans le rouge !! Je sais que dans quelques kilomètres il y aura une montée de 400m de déniv sur environ 3 km. Il faudra avoir du jus. Je ne me fais pas avoir et n’insiste pas dans les côtes: je ne cherche pas à courir. Je marche assez rapidement. Finalement, je vais tout aussi vite à la différence que je me fatigue moins. J’en double quelques uns qui ont certainement démarré trop vite ! 4km et les premières descentes. On arrive au début du parcours que j’avais reconnu. C’est aussi le premier ravito. Je prends le temps de boire un coup et m’arrête 1 min peut-être. Un mot à l’équipe de bénévole ça redonne du peps. Une ou deux personnes me sont passées devant. Je repars. Bifurcation à droite, je sais que c’est la dernière descente. Ca va tourner à droite dans 200m puis paf, le coup de cul de la course. Je ralentis donc et marche les 100m avant la côte. Je mange puis bois un coup. Je suis bien. Dans cette montée, je ne courrai pas, seulement une marche rapide. Je sais que ma « technique » en montagne me permet d’optimiser chaque pas et donc mon effort : respirer aussi est essentiel ! Et ça ne loupe pas, ma stratégie est la bonne…du moins avec mes proches collègues du classement. Je les laisse véritablement sur place, un, deux, trois, j’hallucine ! C’est donc là, dans cette montée, que je double une bonne quinzaine de coureurs, sans pour autant me mettre dans le rouge. Ca donne le moral et je continue sur ma lancée. Je me permets même de doubler mon beau père ( aie, aie, aie 😉 ! ). Fin de la côte. Un peu de plat en footing, nous sommes dans le brouillard. La reconnaissance de la semaine dernière me servira à repérer très rapidement les sentiers où passer. Les descentes commencent. Et là, idem. Je double, je double. Plus le terrain est chaotique, et plus je double. Au final, je pense avoir doublé une bonne trentaine de personnes entre montées et descentes. Km 9,5, ravito. Ho du coca ! comme lors du premier, je prends le temps de m’arrêter 1 ou 2 min pour « boire un verre »…surtout avant d’attaquer la grande descente. Dans cette dernière, je me sens encore bien et me permets de me donner un peu plus. Je sais que le terrain « montagne » ne me pose pas de problème. Je sais pas si je gagne ou perd du temps, mais je me fais plaisir.12km, la dernière bonne montée enchainée avec un sentier très sinueux et chaotique. Je rattrape encore deux personnes, mais je sens que les concourants que je double sont plus affutés, et plus forts physiquement. Pas facile de doubler. Enfin, nous retrouvons le bitume pour les derniers kms. Du plat, et là, je ne double plus. Je reste en forme, mais pas la peine de se mettre dans le rouge, le plat, c’est pas mon truc. Le final se passera sur la plage. Mes parents et Virginie sont là pour m’encourager et surtout sont surpris de me voir « déjà » là ! Ca reboost pour les derniers 300m, je passe la ligne en 2h13 min, pas spécialement crevé.
C’est donc une satisfaction pour moi de m’être fait plaisir sur ce trail et avoir découvert une belle discipline. Mais c’est aussi une victoire, une belle course d’espoir pour tous les dialysés et les personnes atteintes de maladie : vivez vos passions, c’est possible, même avec de lourds problèmes de santé !
Si ce trail est pour moi et tous les malades une montagne d’espoir, il n’en reste pas moins d’en gravir d’autres ! A suivre donc pour un prochain défi trail…en septembre certainement ?
Le départ sous la pluie , les premiers mettront 1h17 !
Une belle arrivée les pieds dans le sable. Heureux, je suis bien physiquement. A ce moment là, il reste 300m, juste le temps d’apprécier les derniers instants de la course !
L’équipe « Montagnes d’espoir » au final. Défi réussi 😉