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3 ans de greffe, déjà !

Fesses à l’air et chemise de l’hopital blanche à pois bleus, me voici debout après quelques jours. La greffe est faite, le plus dur est passé. Reste la sonde urinaire, quelques drains et perfs à enlever. Enfin libre…presque. C’est le 27/12 que je sors du CHU et qu’une nouvelle vie commence. Pas si simple d’ailleurs, mais l’intensité est là, ce que recherche tout greffé. Du bonus, du bonheur. Aujourd’hui cela fait 3 ans que je suis passé sur la table. J’ai vu « mon rein du donneur ». Ou plutôt de ma donneuse de mon age. Un rein du ch’nord parait-il…. les seules informations que j’ai, mais c’est déjà beaucoup. Que dire. Evidement remercier le donneur et ses proches. Pas grand chose sinon, à part remercier ceux qui osent parler du don d’organes. Autour d’eux, à leurs proches, leurs amis. Il parait que ça arrive toujours aux autres les accidents…alors parlez en avec « les autres », car on sait jamais, ça peut aussi vous tomber dessus.

C’est toujours un peu d’émotion un anniversaire de greffe. Un savant mélange de bonheur, de tristesse et d’inquiétude. Mais cet anniversaire c’est aussi savoir qu’on vit, pleinement, intensément. Profiter est parfois le seul maitre mot du greffé.

Mes souvenirs, déjà lointains : un appel le 16 décembre 2011 vers midi. Je me demande ce que veut l’hôpital. C’est l’annonce. Garder son calme, rester sur terre. La mauvaise expérience du « finalement le rein n’est pas compatible »; je connais. Le temps s’arrête. Puis il repart quelques secondes plus tard. Agir tout en restant calme, telle est ma réaction. Préparation des affaires. Je ne suis  pas dans l’urgence. Mauvaise nuit. Lendemain matin départ pour 8h au CHU, derniers tests de compatibilité. C’est pour moi. Il faut y aller. Tout s’accélère, il faut laisser la famille et le fiston d’1,5 mois pour descendre sur le « chariot », les portes de l’ascenceur se ferment. Le personnel, attentionné, est présent jusqu’au bout. On se sent bien seul quand même. Le froid de la salle de bloc, ces hommes et femmes masquées, le rein à coté, que le chirurgien prépare. Drôle de texture,  drôle de couleur. Huuuuu c’es gros ! Allez, endormez moi vite. Le réveil, toujours douloureux. Les soins intensifs, ne pas trop bouger. Les muscles s’engourdissent. Les bips, celle qui râle et qui a mal à coté (et au passage qui aura un AVC 3 jours après….). Les heures sont longues, les visites sont courtes, la TV en boucle. Enfin je remonte 24h ou 48h après , je ne sais plus. Enfin je quitte cette odeur déprimante des soins intensifs pour respirer l’odeur d’une chambre stérile … avec une vue mer. Un petit chez soi pour un minimum de jours; je l’espère. Et puis les visites s’enchainent, ce petit rythme de vie, la sympathie, la vie de l’hopital avec ses raleurs, ses valeurs, ses personnes qui font au final une vie. Et puis il y a cette infection et ces douleurs : « pneumopathie bilobaire droite nosocomiale »… ça fait mal, très mal, surtout cette sensation d’étouffement. Fibroscopie avec le ventre à moitié ouvert. Des sensations à vite oublier, c’est impossible. Et pourtant il y a pire, bien pire. Je suis heureux, content, vivre, enfin pleinement sans contraintes. Bouger, partir, la vie normale est enfin là. Mais c’est pas si simple. La période de convalescence passée, la réalité arrive à grand pas: être normal après avoir été lourdement sous traitement de dialyse n’est pas si simple. On passe de celui qui va mal à celui va bien. Et pourtant, on demande de l’aide, de l’attention, peut être plus qu’en dialyse. Mais tout est bonus, tout est bonheur et de manière très sincère. J’aime et je profite de la vie; finalement, ce n’est pas le plus important ?

Cela fait 3 ans aujourd’hui que je revis vraiment. Du bonheur, merci au donneur.

 

NB : petit texte réalisé sur le vif. Voilà,après 3 ans de greffe un résumé sincère de ce que je retiens de ma transition de vie; une expérience unique que j’ai eu la chance de vivre.