Même dans mes rêves, je ne pensais prendre le départ d’un marathon et encore moins d’en franchir un jour la ligne d’arrivée. Depuis petit, j’ai toujours couru, souvent derrière un ballon, et les aléas de la vie me font courir pour me dépasser, me surpasser, passer des défis, partager des moments magiques, aller au bout de mes forces … ne jamais rien lâcher et de profiter de chaque instant. Cette ligne d’arrivée a été difficile à atteindre mais je l’ai fait !
Je prépare toutes me affaires pour ce défi : tee-shirt, short, chaussettes, gourde, chaussures … A quelques dizaines de mètres de la gare, je regarde l’heure à mon poigné et m’aperçois que je n’ai pas ma montre, je n’ai pas le temps de faire demi-tour et je parts donc sans GPS ni chrono !!! J’ai aussi oublié mon porte dossard et un caleçon pour courir … ah la mémoire !
Arrivée à Paris, je dépose mon sac à l’hôtel et me rends à Décathlon Saint Denis. Sous un magnifique soleil, je prends le temps de faire le tour du stade de France, que de bons souvenirs ici : hé Doc, tu te souviens d’un match de foot en septembre 2005 de la France contre la Slovaquie (un truc comme ça), au 8ème rang derrière la cage et les courses sans fin de Djibril Cissé, et pleins d’autres ‘des finales) …. Puis direction le Parc des Expositions pour retirer mon dossard. Je déteste toujours autant le métro parisien, je m’y perds tout le temps !!
Jour J Après une courte nuit, rendez-vous à l’Arc de Triomphe. En sortant de l’hôtel, je croise un gars qui y participe et on fait le chemin ensemble, il vise les 3h00, je le perds de vue aux vérifications de sac pour les consignes. Je dépose mon sac. Et regarde le départ des élites sur écran géant, de sacrés athlètes. Mon départ, sas 4h00, est à 9h20. Je m’y dirige tranquillement, pas stressé, en buvant ma bouteille de Saint Yorre.
45 min avant l’épreuve, je suis dans le sas et patiente. Le départ approche …
Nous sommes sur la plus belle avenue du monde, l’Arc de Triomphe repose derrière nous et nous le retrouverons dans 42 km si tout va bien. Je parts sur un rythme normal (qui se révèlera trop rapide par la suite!!). Je fais les 8 premiers kilomètres en suivant le meneur d’allure 4h00, je me sens bien, même très bien. Puis, allez savoir pourquoi, au lieu de garder ce rythme, je double le meneur d’allure et me retrouve rapidement entre le groupe 3h45 et 4h00 sans forcer. Il fait beau, les jambes tournent bien, je pense à bien m’hydrater, tout se passe parfaitement bien. A partir du 20ème km, les efforts se font ressentir, j’adapte ma cadence, et le sas 4h00 revient sur moi et me passe vers le 22ème. Jusqu’à présent, je me suis arrêté à tous les ravitos et pris le soin de bien boire et de manger, et j’ai avalé tous les 5 km un gel (chose que je ne fais jamais, je n’aurai pas du).
5 km : 27:00
10 km : 55:34
21,1 km : 02:03:20 (semi marathon)
Dès le 25ème km, j’ai des maux de ventre, mon estomac devient dur comme de la pierre, je garde une allure correcte et au 30ème … mon corps lâche : tendinite genoux gauche (essuie-glace), maux de ventre terriblement douloureux … je passe par les toilettes mais rien n’y fait, à chaque fois que je tente de courir, j’ai des nausées. Quoi qu’il arrive, rien ne me fera abandonner !! Les maux sont affreux, je ne supporte plus l’élastique de mon porte dossard ni celui de ma gourde, qui m’oppressent !
La ligne d’arrivée est encore loin, il reste 9 km, mon esprit se met en pilotage automatique, je me mets en mode marche rapide, je ne peux plus rien avaler. Vers le 39ème km, j’essaye de m’arrêter mais impossible car si je stoppe, je tombe !! Je reprends mon rythme en restant vigilant car à de ombreuses reprises, les ambulances du samu me doublent et je ne souhaite pas me faire écraser, j’ai déjà du mal à avancer.
Le plus difficile est de voir tous ces coureurs me doubler par millier et d’être dans l’incapacité de faire autrement, ma seule motivation reste la ligne d’arrivée et des pensées positives (merci grande sœur). A partir du 41ème, je serre les dents et reprends la course jusqu’au franchissement de cette fameuse ligne … 42, 195.
Je m’assoie quelques minutes puis traverse le ravito final, je ne peut toujouors rien avaler, je me force à boire et retourne m’assoir … sur le coup, je suis tellement déçu de moi, de mon marathon, je ne mérite pas cette médaille, je n’ai aucune excuse, l’infection toujours présente, la prépa, les douleurs aux genoux … j’en étais conscient.
Je retourne récupérer mes affaires à la consigne puis trouve un coin d’herbes à quelques dizaines de mètre de l’Arc de Triomphe, je me change et récupère doucement. Au fur et à mesure des minutes, je vais un peu mieux, je vais m’acheter des frites et un coca, et c’est reparti …
Je finis mon 1er marathon à 30 minutes de mon objectif, je ne regrette rien, j’apprends et fier de l’avoir terminé …..
I miss you.