10 jours de greffe …
Au réveil, l’infirmière me fait la morale en voyant le pansement de la voie centrale, pensant que j’ai tiré dessus, elle me prévient : « il suffit qu’une goutte d’air arrive au cerveau pour mourir ». La veille, une soignante demande au stagiaire du service, de nettoyer ce cathéter situé à la base de mon cou, acte qu’il n’a jamaispratiqué ! Je ne lui avoue pas que c’est le stagiaire qui a effectué le soin et elle me refait le pansement.
Un nouveau patient a été appelé à la greffe. Le nombre de lit est ici limité à 6, et c’est à mon tour de quitter ma chambre mais le service devant m’accueillir est complet.
La salle de garde se situe à côté de ma chambre, et j’entends alors ce qu’il se passe, il y a une discussion entre ceux qui veulent que je reste dans cette pièce et les autres. Les infirmières ne veulent pas me surveiller si je suis dans un autre endroit de l’hôpital. La décision prise, je peux rester.
Je suis rassuré. Mais j’ai le moral en baisse, pas envie de faire grand-chose, le temps est long, j’aimerai prendre une bonne douche, m’enfuir. Puis sachant que le greffon ne repart pas, à quoi bon cette expérience, je regrette de m’être rendu dans cet hôpital, d’avoir suivi ce protocole, ma vie était meilleure avec mes reins d’origine, pour lesquels je faisais tout pour qu’ils fonctionnent au mieux et lors de l’intervention, ils les ont tué. J’ai peur que ce greffon ne redémarre jamais. Je me pose des questions sur ma sortie de l’hôpital, sur ma convalescence, les soins que j’aurai. Mais je n’ai pas le droit de me plaindre, je n’ai aucune douleur et suis en vie.
J‘ai la visite de l’ensemble des médecins, ils analysent la situation sur leur ordinateur et m’auscultent. Cette consultation a duré près de trente minutes, cela n’a jamais été aussi long.
Arrive le déjeuner, je n’ai pas d’appétit, je repense à la visite des médecins. Assis au fond de mon fauteuil, l’interne rentre dans la pièce et m’annonce que la situation est grave (creat au dessus de 1000) et que ce soir, je dois effectue une dialyse. L’angoisse et le stress m’envahissent. Je ne suis pas d’accord et elle répond que cela est pour mon bien, elle prévient le psychologue. J’appelle A en larmes, elle trouve les bons mots pour me calmer, me rassurer et me réconforter. Le psy passe, puis je file au lit. J’ai en mémoire toutes ses personnes qui m’ont expliqué et répété qu’une fois greffé, il n’y a pas de dialyse. Je suis maintenant greffé donc pourquoi, j’irai en dialyse !!!
Ma mère arrive, me voyant au lit, me demande ce qu’il m’arrive. Et elle décide de m’emmener me balader dans le hall d’entrée. Tout le personnel médical est aux petits soins pour moi. Le médecin inconnu passe me voir, je lui raconte ce qu’il se passe mais il est déjà informé. Ma mère me quitte, le diner se déroule sans encombre, je grignote un peu en avalant un anxiolytique. Ensuite l’infirmière me pose deux patchs anesthésiants EMLA sur mon bras gauche au niveau de ma fistule.
Je m’assoupis, dans les nuages. Je scrute le moindre bruit provenant du couloir, je surveille l’heure sur mon téléphone dont le fond d’écran me réconforte. A 22h00, j’entends du bruit, la porte s’ouvre, des brancardiers m’emmènent au 3ème étage, je suis pesé et installé par une charmante hôtesse dans la pièce d’hémodialyse où trois patients allongés sur leur lit sont présents. Tellement peur que je serre fortement mon téléphone, tandis que mon esprit se concentre sur les mots prononcés par A, ce petit ange me donne des ailes. La ponction débute à 22h20, grâce au patch anesthésiant et au professionnalisme du personnel, la douleur reste supportable. L’équipe médicale avait été prévenue de ma venue pour la première dialyse de mon histoire d’où un soin particulier et une gentillesse accrue. J’ai eu droit à une seule ponction au lieu de deux parce que lors de la pose des patchs, l’infirmière me les a placés trop prêt de la fistule, une distance de cinq centimètres est nécessaire entre la ponction et la cicatrice, si la piqûre est pratiquée sans patch, la douleur aurait été intense. Je découvre un nouveau monde fait de machines, d’ordinateurs et de tuyaux (où tout est programmé : durée de la dialyse, poids sec du patient, quantité de sang retirée, boisson prise en séance, …). Je reste éveillé et sensible à toute possible douleur et à tout mouvement du personnel, il est surtout impossible de s’endormir sans aide médicamenteuse à cause du bruit des appareils se mettant à bipper fortement et au tensiomètre serrant souvent le haut du bras. Le temps de boire un jus de fruit et la séance de deux heures se termine, il est 00h30. Avant de déstresser, j’attends d’être débarrassé entièrement de tous les branchements. Puis on reprend mon poids, j’en profite pour envoyer un sms à A« J’ai terminé, je rentre dans ma chambre, bonne nuit », elle me répond …
Que le réveil est difficile, j’ai des courbatures de la tête aux pieds, une incapacité d’ouvrir les yeux et une envie terrible de rester couché. A jeun et avant les soins, je me rends en fauteuil roulant à l’écho pour vérifier le greffon. Du fait de la dialyse, mon taux de créatinine a chuté.
Je quitte ma chambre pour un nouveau service …. une nouvelle aventure débute.