J’ai coutume de dire que le problème de mes greffes, c’est ma peau !!
Le suivi par un Dermatologue est obligatoire une fois par an chez tous patients greffés… un an ? ça c’était avant… avant que ma propre usine de kératoses ne soit très productive, voire trop productive ! De un an, je suis passée à tous les 6 mois, pour arriver à tous les 3-4 mois depuis presque 10 ans maintenant !
Si le fait de vivre désormais à la campagne peut améliorer certains paramètres médicaux, ma peau, elle, ne se re-générera pas, je ne retrouverai jamais une « peau de bébé », et les kératoses continueront de travailler dans leur petite usine et produiront toujours autant !
31 ans de traitement anti-rejet pour mes deux greffes rénales en sont la cause et j’ai toujours dit que pour moi ce n’était qu’un problème esthétique, pas très important, par rapport au confort que m’apportent mes greffes au quotidien. Et je le maintiens, je vis avec ces effets indésirables depuis trop longtemps pour m’en affecter moralement !
Après avoir été suivie depuis presque 10 ans par le même Dermatologue en région parisienne, à raison de quatre séances par an, je fais confiance désormais à un nouveau médecin.
C’est avec un historique médical de mon parcours dermatologique établi par mon ex-Dermatologue (4 carcinomes retirés chirurgicalement) que je me présente à ce nouveau médecin, qui accepte la mission de me voir tous les 3-4 mois pour me suivre au mieux et prévenir tous risques de futurs carcinomes.
Mais j’avoue qu’elle a été un peu décontenancée par mon état. Je lui demande si elle a déjà suivi des greffés. Elle me répond, « oui j’en ai vu, mais dans cet état-là ! » Voilà encore un médecin qui pourra me remercier de lui apporter de l’expérience dans sa carrière ! Je suis un cas… combien de médecins, depuis plus de 30 ans, m’ont dit qu’ils n’avaient jamais vu un cas comme moi !
Donc, après les recommandations habituelles sur le soleil, sur un ton un peu moralisateur qui me passe un peu au-dessus et le tour de mes points stratégiques dermatologiques à la loupe, elle commence sa séance d’azote en me disant « vous me dites quand vous voulez que j’arrête si c’est trop douloureux ». Bien sûr, je n’ai rien dit, et elle a fait tout ce qu’elle voulait. Elle pense détecter une nouvelle zone qui pourrait finir en « Maladie de Bowen », soit le début d’un carcinome. Elle pensait me surprendre en m’annonçant cela, mais au lieu de cela je lui ai demandé si elle pratiquait elle-même les chirurgies à quoi elle me répondit que non, elle m’enverrait à l’hôpital le faire.
Il ne faut pas oublier que les traitements anti-rejets d’il y a 30 ans étaient plus agressifs et nocifs que ceux actuels et que je paie cela de ma première greffe faite en 1987 ; c’est pour cela que je dis que le mal est fait et que dans mon cas, la prévention n’est plus d’actualité. Mais seuls les néphrologues comprennent cela, les dermatologues, eux, restent dans leur spécialité…
A la fin de la séance d’une bonne demi-heure d’azote, elle me lance « Madame, VOUS ETES UNE HEROINE… Je ne sais pas comment vous supportez tout ça ».
Bah, disons que j’ai l’habitude, 4 séances par an pendant 10 ans, mon cerveau a imprimé la douleur…
Je repars avec une ordonnance bien remplie, de pommades pour les brûlures, de pommades à mettre sur les croûtes, du sérum physiologique pour les croûtes trop épaisses, puis de pommades à mettre après la chute des croûtes et la fameuse crème solaire, protection 100, à mettre avant chaque sortie toute l’année.
Rendez-vous dans 3 – 4 mois suivant la rentabilité de mon usine !!
A bientôt…