Deux greffes de cornée ont changé la vie de Serge Grandvaux
Le professeur d’économie de Mouchard qui a bénéficié d’une double greffe souligne l’importance des campagnes de sensibilisation aux dons d’organes. Témoignage.
« On voit la vie différemment et l’on ne s’arrête plus à des broutilles », reconnaît Serge Grandvaux à la fin de l’entretien au cours duquel il explique son long cheminement. Ce malvoyant a retrouvé pleinement la vue après deux greffes de cornées. « Je peux vous dire que j’ai profondément remercié, par écrit, les familles des donneurs ayant autorisé ces deux gestes. Les courriers ont été transmis de façon anonyme par le chirurgien qui m’a opéré », confie-t-il avec émotion.
Lors des trois jours précédant l’incorporation dans l’armée, sa visite se termine par une réforme. « vous n’avez pas une bonne vue. Vous avez les deux yeux touchés », lui dit-on. « J’ai alors 19 ans. Aujourd’hui j’en ai 68. Si j’ai exercé mon métier de professeur d’économie au lycée national du bois à Mouchard, c’est après de nombreuses péripéties. Lorsque j’ai commencé mes études supérieures, le médecin a découvert, lors de la visite médicale, une déformation de mes cornées qui étaient atteintes de kératocône. Ce qui m’a contraint à porter des lunettes correctrices, raconte M. Grandvaux. Les lentilles de contact m’aidaient à rectifier la vue mais elles n’étaient pas faciles à poser. Pour lire le journal j’utilisais à la fois lunettes, lentilles, loupe. »
En 1997, la vie de l’ancien professeur va changer. L’ophtalmologue lyonnaise qui le suit, lui donne le feu vert pour une greffe. Elle est réalisée pour l’œil droit en 1999. L’opération qui dure un peu plus de trente minutes, consiste à enlever la cornée défectueuse, une petite pastille de 6 mm de diamètre, et en coudre une nouvelle en lieu et place. Les fils sont laissés durant une année. Sa vue s’est améliorée et en 2001, une nouvelle greffe a été effectuée sur l’œil gauche.
« Est-ce que vous pensez que vous portez les cornées d’autres ? » –« Je pense rapidement tous les jours à ceux qui ont accepté le prélèvement. C’est positif. L’aspect biologique d’une pièce rapportée en moi, je n’y ai jamais pensé. »
Ce dont il se souvient, c’est que :« à 54 ans, j’ai réalisé un rêve, celui de passer le permis de conduire moto et d’acheter une BMW RT 1200. »
« La vie de tous les jours est complètement changée. C’est une renaissance », se réjouit-il.
Tiré du Progrès 12 Juillet 2016 par