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René : « La greffe de rein a changé ma vie » Article du Bien Public du 23/03/2015

Grâce à une greffe d’un des reins de sa femme, René, Dijonnais de 65 ans, a vu sa vie changer. Le couple témoigne à l’occasion de la Semaine du rein.

«Je ne remercierai jamais assez ma femme. » Dans leur salon du centre-ville de Dijon, René et Marie-Bernadette, 65 ans, forment un couple heureux. Il y a 6 ans, elle a fait le choix de donner l’un de ses reins à son mari, atteint de la maladie de Berger, une maladie chronique assez rare.

René, alors directeur-général d’une entreprise, avait le choix entre ne rien faire (et de risquer de graves complications allant jusqu’à la mort) ou se faire dialyser. Cette dernière solution était loin d’enchanter René, car il la trouvait « lourde », « pénible » et « fatigante ». Restait alors l’option de la greffe, à partir de greffons issus de morts encéphaliques, ou issus de donneurs vivants. Sachant qu’en France, le nombre de personnes sur une liste d’attente d’une greffe est bien plus important (14 395 en 2014) que ceux qui l’obtiennent (3 232), l’importance des dons du vivant est essentielle.

« Je suis en forme, je te donne un rein »

Après s’être renseignée sur toutes les conditions et modalités pour donner un rein à un conjoint, Marie-Bernadette a pris sa décision en 2007. « Je n’ai pas du tout hésité », raconte-t-elle. « Sachant que la loi autorise le don entre époux depuis 2004, j’ai eu le déclic. J’ai dit à mon mari : “ Comme je suis en pleine forme, je te donne un rein. ” »

Cela ne s’est pas fait tout de suite, car l’état de santé de René ne l’imposait pas dans l’immédiat. En revanche, en 2008, c’était devenu nécessaire. Le couple a alors connu une période assez longue d’examens en tous genres, « de six à huit mois », avec de nombreuses analyses, prises de sang, scanners, échographies, etc., afin de déterminer la compatibilité, l’état de santé du donneur et du receveur, etc. « Ensuite, j’ai dû passer devant un comité d’experts de l’Agence de biomédecine, qui a notamment déterminé si je ne faisais pas l’objet de pressions, ce qui n’était évidemment pas le cas », explique Marie-Bernadette.

Puis, elle a exprimé son consentement au tribunal de grande instance. « De toute façon, précise la Dijonnaise, jusqu’au jour de l’opération, on a le droit de se rétracter. »

Le 24 mars 2009, les deux époux se sont fait opérer au CHU de Dijon. « Tout s’est bien passé », disent-ils en chœur. Après avoir passé deux semaines de convalescence, le couple a pu rentrer chez lui, et commencer sa nouvelle vie. Depuis, les deux sont suivis, « ce qui permet au donneur d’avoir une longévité supérieure, car il ne le serait pas forcément s’il n’avait pas donné », note Marie-Bernadette.

« La greffe a changé ma vie »

Très concrètement, depuis l’opération, René se sent bien mieux et sa femme, qui a désormais un rein en moins, n’a ressenti « aucune différence ». « On vit parfaitement avec un seul rein », assure-t-elle. De son côté, René doit prendre, « à vie », un traitement antirejet.

Six ans après l’opération, le sourire aux lèvres, il explique, qu’en accord avec son médecin, il parcourt de nombreux kilomètres à vélo avec sa femme. « La greffe a changé ma vie », dit-il. Aujourd’hui, René souhaiterait qu’il y ait « beaucoup plus de donneurs vivants ». Et de conclure, à l’attention de ceux qui hésiteraient : « Il faut donner ! »

Ceci d’autant plus que la greffe coûte moins cher à la Sécurité sociale que la dialyse. « Même si l’on ne peut pas greffer tout le monde, économiquement, la greffe est plus intéressante que la dialyse », confirme effectivement le professeur Jean-Michel Rebibou, chef du service néphrologie au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Dijon.

• 23 mars 2015


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