GREFFE DE REIN : Le test d’urine qui prédit son pronostic
Modifier le système immunitaire d’un patient en affaiblissant ses anticorps ou sa réponse immunitaire de manière à ce qu’il ne rejette pas la greffe de rein est possible. La réalité c’est qu’un an après la greffe, 10% des greffons « ne fonctionnent plus », et à 5 ans, ce taux atteint 25%. Pouvoir prévoir ces échecs et cerner leurs causes, infection ou rejet, est la clé pour choisir ensuite le traitement approprié. Cette étude, présentée à l’European Congress of Clinical Microbiology and Infectious Diseases révèle un nouveau test d’urine capable d’apporter ces réponses.
Les greffes de rein sont vitales pour les patients atteints d’une maladie rénale en phase terminale, mais environ 25% échouent dans les 5 ans, soit parce que le corps commence à rejeter le greffon, soit parce qu’une infection virale a envahi le rein. Ces 2 complications nécessitent des traitements diamétralement opposés, mais la plupart du temps, au moment où la cause de l’échec est connue, il est trop tard pour intervenir.
Cette recherche espagnole d’une équipe de l’hôpital universitaire Vall d’Hébron (Barcelone) qui suggère que les 2 complications peuvent être distinguées par la détection d’un ensemble de protéines présentes dans l’urine du patient apporte les bases d’un test urinaire capable de détecter les signes précoces de l’échec, sa cause et donc de permettre au médecin de prendre la bonne décision thérapeutique. « Les patients greffés reçoivent des médicaments anti-rejet mais le défi est de trouver le bon équilibre : Si le traitement est insuffisant, l’organe peut être détruit par le système immunitaire. Si le traitement est trop puissant, on risque l’infection. Cependant lorsqu’on identifie la cause, le rejet ou l’infection, il est trop tard pour sauver l’organe », expliquent les chercheurs.
Identifier la néphropathie à virus BK : les scientifiques se sont concentrés sur le virus BK, un virus qui entraine une infection commune que la plupart des gens éprouvent pendant l’enfance principalement sans symptômes. Après l’infection, le virus reste en dormance dans les reins et les voies urinaires. Lorsque les patients transplantés reçoivent des médicaments anti-rejet, le virus peut se réactiver, infecter et détruire le nouveau rein. Une complication qui intervient en général dans les 2 ans qui suivent la transplantation. L’étude menée chez 30 patients transplantés rénaux, dont 10 diagnostiqués avec rejet aigu par médiation par lymphocytes T, 10 diagnostiqués avec une néphropathie à virus BK, et 10 patients témoins « greffés stables », identifie un ensemble de protéines spécifique dans l’urine des patients infectés à BK. En examinant de plus près la signature, les scientifiques parviennent à distinguer des niveaux de ces protéines spécifiques à chaque groupe de patients.
Si ces résultats sont validés sur une cohorte plus large, ces données permettront de développer un test d’urine pour prédire le risque d’échec de manière beaucoup plus précoce mais aussi d’identifier la cause de l’échec et, de là, opter pour le traitement adapté.
Source: European Congress of Clinical Microbiology and Infectious Diseases 22-Apr-2017 Testing urine for particular proteins could be key to preventing kidney transplant failure