Greffe d’organes : les nouvelles règles
Chaque année, plus de 5 000 personnes sont sauvées grâce à une greffe d’organe. Une aventure mise à l’écran dans le film Réparer les vivants de Katell Quillévéré, qui sort aujourd’hui en salles.
Parfois, les morts aident à réparer les vivants. Chaque année, environ 5 000 personnes sont sauvées grâce à une greffe. Mais les malades sur listes d’attente sont encore nombreux (21 000 personnes en 2015). Pour faciliter le prélèvement d’organes, la loi de Santé, votée l’an dernier, a clarifié les règles de recueil du consentement. À partir du 1er janvier 2017, toute personne décédée sera considérée comme donneuse potentielle, sauf si elle a clairement exprimé son refus.
« Jusqu’à présent, les soignants avaient l’impression de demander une autorisation aux proches pour prélever les organes. C’est tellement traumatisant pour une famille, qui vient de vivre un drame, de prendre une décision qui ne leur appartient pas. La décision appartient toujours à la personne, mais il est parfois difficile de savoir ce qu’elle aurait voulu », explique le Professeur Olivier Bastien, directeur Prélèvement Greffe organes-tissus à l’agence de la biomédecine.
Comment exprimer son choix ?
À présent, si vous ne souhaitez pas que vos organes soient donnés pour une greffe à votre décès, il faudra vous inscrire au registre national du refus. L’opposition au don peut-être soit totale, soit concerner certains organes (si vous ne voulez pas donner vos yeux ou votre peau mais votre cœur par exemple).
Vous pouvez le faire dès à présent en téléchargeant le formulaire sur le site de l’agence de la biomédecine http://www.dondorganes.fr/sites/default/files/atoms/files/formulaire_registre_refusvf.pdf et vous pourrez le faire intégralement en ligne à partir de l’année prochaine. Le registre du refus est la modalité principale, mais il en existe d’autres : soit un témoignage écrit, daté et authentifié par une signature (que vous rangez dans votre portefeuille, ou que vous donnez à votre famille), soit un témoignage oral précis à un proche qui devra le retranscrire par écrit le jour de votre mort.
Avec ces nouvelles règles, l’Agence de biomédecine espère avoir davantage de dons. « À présent, nous avons entre 30 et 35 % d’opposition, dont une bonne partie de cas liés à des incertitudes sur ce que voulait la personne décédée. Le bon moment pour se poser la question n’est pas au moment de la mort, toujours dramatique, mais avant, à froid », explique le Pr Bastien.
Des besoins importants
En cas de don, les greffons sont alloués par l’agence de biomédecine à des receveurs inscrits sur une liste d’attente. Pour être transplantés dans un délai, très serré, à un malade : « La durée d’ischémie est variable selon les organes : une vingtaine d’heures pour un rein, et pas plus de cinq heures pour transplanter un cœur », précise le Pr Bastien.
Le don est anonyme. Le receveur ne sait pas qui lui a donné un organe. Mais l’agence de biomédecine peut donner des nouvelles anonymisées du receveur à la famille du donneur. « Dire à la famille que leur proche a permis de sauver une vie est un élément qui aide à donner du sens à la mort, surtout quand elle est brutale. À côté de la révolte et de la douleur de la perte d’un être aimé, il y a un autre sentiment, celui qu’il a sauvé quelqu’un. Un don valorise la personne décédée », observe le Pr Bastien.
De plus en plus de greffes mais toujours beaucoup d’attente
De plus en plus de personnes vivent avec une greffe : 57 171 en 2015, contre 49 198 en 2006, selon l’Agence de Biomédecine. Le nombre de greffes a progressé de 30 % en 10 ans, 5 476 en 2015 contre 4 428 en 2006. L’amélioration de la qualité a élargi les indications thérapeutiques.
Mais le nombre de greffes ne suffit pas à résorber l’attente : 12 512 personnes étaient dans l’attente en 2006. En 2015, elles étaient 21 464.
Les organes les plus greffés
Le rein est l’organe le plus greffé (3 486 en 2015), avec une hausse de 72 % sur 15 ans, suivi par le foie, qui a augmenté de 69 %. La greffe du poumon a augmenté de 41 % entre 2010 et 2015 grâce à une redéfinition des critères de prélèvement. La greffe du cœur, entre 1991 et 2000, diminue en raison de l’amélioration des techniques alternatives. Les greffes de l’intestin et du pancréas sont des pratiques plus rares.
Donner de son vivant ?
Les donneurs ont en moyenne 57,1 ans et les receveurs 52 ans. Il n’y a pas d’âge limite pour donner, seuls comptent le bilan médical et l’organe concerné. Le don du vivant est possible pour le rein, et plus rarement le foie (on donne alors un lobe du foie). Autrefois réservé aux parents, le don d’un rein de son vivant a été élargi au cercle des proches justifiant un lien proche et stable avec la personne depuis deux ans. Il doit être validé par un magistrat pour éviter les trafics.
5 746 personnes ont reçu une greffe en 2015. Ce chiffre a augmenté de 7 % par rapport à 2014. En 2015, le nombre total de malades inscrits sur les listes d’attente était de 21 464. Et 57 171 personnes étaient porteuses d’un greffon fonctionnel.
Tiré du Bien Public du 01 Novembre 2016 par Elodie Becu