Mon histoire – L’annonce de ma maladie (1ère partie)
Samedi 30 Octobre 2009, je n’oublierais jamais cette date là…. Ma vie, celle de mon mari, ma famille, mes amis proches sera bouleversée à jamais, dans le positif comme dans le négatif.
Voici les 3 jours qui ont bouleversé ma vie…
Jeudi 28 Octobre 2009 : Cela fait un moment que je me dis qu’il commence à être temps de faire le vaccin de la grippe, mais bon je repousse, je repousse mais là il le faut…de plus je travaille dans la grande distribution, je suis au contact des microbes, la fatigue commence à se faire bien sentir, c’est le bon moment.
Les jouets de Noël sont implantés, le rush va commencer, allez c’est parti direction le médecin. Question d’usage, pas de rhume, pas de fièvre, rien à signaler ? Ben non tout va bien, quoique si…enfin. Il y a juste quelque chose qui est un peu bizarre, rien d’important mais en chahutant avec mon mari, je me suis retrouvée avec le poignet tout noir et cela à mis un moment à partir. Le médecin relève la tête l’air un peu suspicieux. Je lui raconte en rigolant que cela m’a même valu une inquiétude de la part d’un cadre de mon travail qui m’a demandé si j’avais des problèmes personnels. Sur le coup je comprenais pas, ce qui voulait dire par là et ça trainait en longueur…Je lui ai demandé de me dire clairement ce qu’il entendait par là, et en fait il pensait que mon mari me frappait !!! Et bien celui qui va lever la main sur moi, je vous le dis, il est pas né.
Le médecin me dit qu’il serait quand même bien que je fasse un bilan sanguin très complet, histoire de voir que tout va bien et rapidement. (il faut dire qu’il me connaît bien et je m’écoute pas du tout donc je m’inquiète jamais moi)…Oui, oui. Bon y va pour ce vaccin ??
Vendredi 29 Octobre 2009 : Et bien ce matin, je suis tombée de mon lit, je suis prête une demi-heure avant l’heure de départ. Bon ben tiens vu le bordel dans mon sac à main je vais faire du tri. Il va pleuvoir je vous le dis. Je commence à le vider, tiens c’est quoi ça ?? Ah oui l’ordonnance pour la prise de sang. Tiens je vais passer au laboratoire avant d’aller au travail, il ne va pas en revenir mon médecin, moi qui mets, au bas mot, 1 mois avant d’y aller, je vais le clouer sur place. Je ne pensais pas, si bien dire…
Aujourd’hui c’est cool, j’ai fini à 15 heures. Je rentre chez moi, je me sens fatiguée mais je vais aller prendre mon petit thé avec mon amie Céline, qui habite au rez de chaussée. C’est notre petit rituel, plusieurs fois par semaine, papotage, thé, gâteaux……Tiens le téléphone qui sonne…ah mon médecin…
-Allô ?
-Madame COTTENET ?
-Oui
– C’est le Docteur Mo…, J’ai téléphoné à votre mari car je n’avais pas votre portable, cela ne posera pas de problèmes j’espère.
– Non pas de soucis
– vous êtes où là ?
– Heu chez une amie, je bois un thé….
– Vous vous sentez comment ?
– Comme hier
– Pas fatiguée ?
– Ben si, je me lève tôt, Noël arrive…Voilà quoi
– Bon, il faudrait que vous veniez tout de suite à mon cabinet, car j’ai vos résultats ils ne sont pas bons.
– Ah bon, oui ben le temps d’arriver.
Je raccroche mon téléphone, je dis à Céline, que c’est mon médecin et qu’il faut que je passe tout de suite à son cabinet car mes analyses ne sont pas bonnes. Je lui dis en rigolant, ça tu vois, c’est les gâteaux avec le thé, c’est pas bon ça, tu peux être sûr que j’ai un taux de cholestérol phénoménal ou du diabète. Tu vas voir le petit thé avec les gâteaux, c’est fini !!
Mon téléphone sonne de nouveau, c’est mon mari d’amour
– C’est moi, il y a le docteur Mo qui voulait ton numéro, ça va ?
– Ben oui ça va, il faut que j’aille le voir là, à son cabinet
– Il m’a dit que ce n’était pas grave, mais bon il voulait ton numéro quand même c’est bizarre
– T’inquiète pas, ça doit pas être grave…bon j’y vais, je te rappelle dès que je sors. Bisous
Matthieu, compagnon de Céline à cet époque, mon ami « mon frère de cœur », arrive du boulot. Je lui raconte vite fait le coup de téléphone et il me propose de me déposer. On arrive devant le cabinet, Matthieu me dis quand tu rentres, tu passes nous dire et puis pour demain soir toujours d’accord pour le repas ? Ben tu m’étonnes Matthieu que c’est ok, une soirée avec les vins d’Alsace, ça ne se refuse jamais !!! Bon allez j’y vais, je sors de la voiture et direction le cabinet.
Le médecin m’attendait, il me fait rentrer dans son cabinet, et l’air grave me dit :
– Comment vous vous sentez Madame COTTENET ?
– Comme hier et comme il y a 20mn, ça va !!!!
– Pas fatiguée, enfin je veux dire vraiment fatiguée ?
– Ben si, mais bon vu les journées que j’ai, c’est normal et puis depuis quelques temps je m’alimente que très légèrement alors oui je me sens un peu faible.
– Bon, je vous ai fait venir, car vos analyses ne sont pas bonnes. Quand je vois vos analyses, et que je vous regarde, je ne comprends pas vous devriez être à l’article de la mort.
– Le laboratoire c’est trompée d’analyse (j’éclate de rire)
– Ça ne me fait pas rire Mme COTTENET, vos analyses ne sont vraiment pas bonnes, vous avez un problème au rein, c’est grave, je pense. Je vous ai pris rendez vous demain vers un néphrologue à la Clinique de Talant, le docteur Ma, à 8H30
– Un quoi ??
– Un néphrologue, un spécialiste des reins. Prévoyez votre sac, car vous allez être hospitalisée
– Ah bon, mais non vous vous angoissez pour rien
– Je ne m’angoisse pas pour rien, je suis réaliste et je vous préviens. Vous en saurez plus demain lors de votre rendez vous, et surtout tenez moi au courant.
Je me lève, lui dis au revoir.
Dès que je suis dehors, j’appelle Fred qui arrive au même moment devant le cabinet pour venir me chercher. Je monte dans la voiture et je lui raconte mon entrevue avec le médecin. Je lui dis que je ne suis pas inquiète, que l’on verra demain.
Nous passons voir Céline et Matthieu, je leurs explique l’entretien et que nous en serons plus demain matin.
Nous rentrons à la maison. Je vois bien que Fred est inquiet, je me blotti dans ses bras et lui dis de ne pas s’en faire que l’on verra le lendemain matin. Je vous l’ai, dis je ne m’en fais jamais.
Samedi 30 Octobre 2009 : La nuit a été courte, j’avoue le stress m’a gagné au milieu de la nuit. Quand je vois la tête de Fred au réveil, je n’ose même pas lui demander si il a dormi. Le petit déjeuner avalé, je prépare sommairement un sac au cas où, mais je me dis que je vais rentrer, et que ce n’est rien. Allez tout est prêt, direction la clinique de Talant.
8H30, on arrive à la clinique de Talant, au centre de dialyse, où le Docteur Ma, nous attends, limite devant la porte. On rentre, il se présente à nous, et m’envoie faire une bandelette urinaire.
8H35, le Docteur Ma, m’envoie faire une échographie des reins, où l’on m’attend aussi. Décidément, je vais finir par me prendre pour le messie…Le radiologue me fait l’échographie des reins, me regarde et me dis ce n’est pas bon 3cm, ce n’est pas bon. Bah si tu le dis…Je rejoins Fred dans la salle d’attente, et je lui répète ce que vient de me dire le radiologue.
On nous donne tout de suite le compte rendu avec l’échographie et on nous demande de retourner vers le Docteur Ma.
8H40 : Retour dans le bureau du Docteur Ma. Il regarde l’échographie, me regarde, et me dit « Mme COTTENET, on ne vas pas tourner autour du pot, il faut que vous soyez greffée rapidement ».
Je suis, ébahie, choquée, je le regarde incrédule, ses mots raisonnent dans ma tête mais que je ne les comprends pas. Les larmes me montent aux yeux. Le Docteur Ma me regarde et sur un ton assez sec, me dit « pas de pleurs, ici, c’est pas un cancer ça se soigne » !!!
Je le regarde, et je me dis, non mais c’est quoi ce type ?? Comment il me parle ? Il se prend pour qui ???
Mais comment ça, il faut que je sois greffée ?? Mais il me parle de quoi là ?
Le Docteur Ma m’explique que je n’ai plus de reins, qu’ils ne fonctionnent plus et que mon sang est infecté de toxines. Il m’annonce que comme on est samedi, il ne m’hospitalise pas le jour même mais que le lendemain dimanche à 15 heures, je rentre pour passer les examens pré-greffe et savoir si je déjà je peux être greffé.
Il me regarde et me dit, bon voilà à partir de maintenant, il n’y a plus de médecin, plus d’infirmiers et plus de patients, ici la néphrologie c’est une grande famille. Voici mon numéro de portable, je suis joignable tout le temps, la nuit comme le weekend, donc à la moindre question ou angoisse, surtout vous n’hésitez pas.
Je croise le regard de Fred, je vois tout son amour et toute son inquiétude. Je le regarde, je suis complètement sonné, et moi le seul truc que j’arrive à penser, c’est comment ils vont faire au boulot lundi si je ne suis pas là. On a vraiment des pensées bizarres parfois ! C’est vrai, je pourrais penser à mes parents, ma sœur, à la peur de mourir, mais non, la seule chose qui m’importe à ce moment précis, c’est comment lundi au boulot, ils vont gérer toutes mes tâches, si je ne suis pas là.
Je suis perdue dans mes pensées, quand j’entends la voix de Fred demandé au néphrologue si il est compatible, si il peut me donner un rein. Je crois que c’est mots là, je les entendrais toujours résonner en moi, à jamais, comme ces mots qu’il m’a murmuré le jour de notre mariage, où il m’a dit que c’était le plus beau jour de sa vie. Le néphrologue lui dit que pour l’instant il faut déjà que l’on fasse le bilan pré-greffe, et que l’on verrait après. Pour l’instant pas de panique. Non mais, il me fait rire, pas de panique, pas de panique, ben c’est vite dis.
Une infirmière vient me faire une prise de sang, je suis effarée par le nombre de tubes. Le néphrologue nous donne une ordonnance longue comme le bras, et me prescrit de l’EPO !!! Je ne savais même pas que cela se prescrivait. Et bien je me dis que le tour de France ne sera pas pour cette année encore. Oui je sais c’est débile, mais sur l’instant ça m’a fait rire
Il se lève, nous sert la main et nous dis de ne pas nous inquiéter, et nous souhaite bon courage et une bonne journée, nous rappelle, que si on a des questions, que l’on n’hésite pas à l’appeler.
On monte dans la voiture, le silence est pesant entre nous. Je crois qu’à cet instant précis aucun de nous deux n’a vraiment envie de parler. Nous sommes chacun perdu dans nos pensées, avec nos angoisses. Je lui dis qu’il faut que l’on passe à mon boulot que je prévienne que je ne serais pas là, la semaine prochaine au moins.
Après avoir annoncé au boulot, ce que je venais d’apprendre, nous sommes rentrés chez nous. Sous le choc, pas besoin de se parler, le regard et les bras suffisent…
Et me voilà partie pour une nouvelle aventure, une nouvelle partie de ma vie…la dialyse…que je vous raconterais prochainement…